On s'est toujours douté que la DS pouvait être une formidable machine à jeux d'aventure. Avec Hotel Dusk, c'est même du côté des grandes productions PC du milieu des années 90 qu'il faut chercher les parentés. Finalement assez différent de Phoenix Wright, Hotel Dusk ressemble à un Under The Killing Moon en huis clos. Comme lui, Hotel Dusk est une enquête. Comme lui, le ton est plutôt sombre, proche du polar. Et comme lui, l'expérience se transforme un peu trop souvent en film/livre interactif.
test :
-Graphismes 15/20
Le dessin vibre, chatouille l'iris, fourmille de petits détails, et c'est un vrai plaisir. Les characters designers se sont vraiment appliqués. Mila et Jeff, directement issus de Another Code sont presque en retrait par rapport à cette collection exotique de caractères très différents, du gérant buriné au margoulin beau gosse en passant par la jolie célibataire trentenaire mal dans sa peau. La 3D temps réel de la vue subjective et l'incrustation des sprites 2D sont assez disgracieuses, mais ce n'est pas ce que le jeu nous donne à contempler le plus.
-Jouabilité 13/20
Comprenez d'abord que le titre est majoritairement fait de dialogues, certes passionnants, mais assez dirigistes. On aurait aimé que le titre se montre plus sévère quand le joueur fait une erreur dans la discussion et/ou qu'il permette de récupérer les indices de différentes manières. Petit problème de rythme : la phase d'exposition prend un peu trop de temps. Le balai des intervenants en fonction des chapitres est gênant et renforce l'aspect livre interactif. Par contre, l'exploitation de la console est excellente et les énigmes sont aussi ingénieuses que cohérentes.
-Durée de vie 10/20
Avec un peu de concentration et d'attention à ce que disent les personnages, vous bouclerez l'enquête en 6 petites heures. C'est plus fort que Maigret mais il faut bien avouer qu'un peu plus de consistance n'aurait pas fait de mal.
-Bande son 10/20
Assez silencieux, le titre est tout de même parcouru par un thème d'ascenseur particulièrement embarrassant et qui ne colle pas du tout au ton général. On peut légitimement penser que c'est fait exprès, mais l'effet est pénible. Le reste, des bruitages aux thèmes secondaires, est tout à fait convenable.
-Scénario 16/20
Les pistes de départ pullulent pendant la première heure de jeu et on se demande comment les scénaristes vont faire pour mener tout ça à une conclusion cohérente. La réponse : avec subtilité, adresse et intelligence. Le final, déconcertant, est très audacieux.
-Note Générale 15/20
Sorte de 10 Petits Nègres moderne, Hotel Dusk a de sérieux atouts : un scénario en béton armé, fait de plusieurs intrigues à dimension humaine assez touchantes, une exploitation optimale de la DS, des énigmes cohérentes, une cosmétique épatante. Tout cela suffit à entraver le manque d'audace du gameplay, bien trop dirigiste, qui donne l'impression d'être à mi-chemin entre le livre interactif et le vieux jeu d'aventure PC. Il faudrait que CING réfléchisse à ce problème pour réellement faire entrer le jeu d'aventure sur DS dans la modernité. En attendant, Hotel Dusk se positionne comme le top du genre sur la portable de Nintendo.